Adieu Corneau, Adieu Chabrol … Les réalisateurs tombent comme des mouches ces temps ci (sauf Lelouch qu’on voudrait bien voir tomber pour le coup, je rigole c’est juste pour la blague!). Alors j’ai couru au ciné voir le film de Xavier Beauvois, Des hommes et des Dieux.
Pour préambule, j’avoue aisément un intérêt certain pour ce sujet. Il n’y pas si longtemps, c’est mon père qui parcourait les routes de Kabylie, région elle aussi ensanglantée par la guerre civile algérienne… Et j’ai ce souvenir, sans verser dans le mélodrame, de la peur de le voir partir, lorsqu’il décidait de se rendre auprès de sa famille. Je me souviens aussi des attentats qui se perpétuaient , des annonces radios hebdomadaires, des morts qui se succédaient. Allez !!! Je prends un prosac et je continue mon billet.
Devant le Gaumont de mon quartier, je regrettais déjà de ne pas m’être équipée du paquet de kleenex réglementaire. Bon, il serait peut-être tant de parler du film non ?
Des longueurs certes mais je crois que ça tiens plus au sujet du film qu’à la réalisation. J’ai entendu Lambert Wilson dire qu’il était rentré dans une autre temporalité, celle des moines. Et en effet le temps était long, très long parfois, alternance de scènes de vie quotidienne et de scènes de prières. En même temps il s’agissait de moines cisterciens, pas de Jackie Chan, ceci expliquant cela !
Pourtant le film est magnifique. Surement parce que l’on sait que la fin est inéluctable. Finalement c’est ça la grande force du film : ne pas s’attacher aux circonstances plus que troubles de leur mort. Mais à cette période antérieure, où le doute les atteint, et où ils doivent choisir de rester au péril de leur vie auprès des leurs, les algériens) ou de rentrer en France. C’est parce que l’on sait qu’ils vont mourir et encore plus parce que l’on sait qu’ils savent qu’ils vont mourir que parfois c’est intenable. Les comédiens sont exceptionnels, pas une seule seconde on ne doute de leur interprétation. Mention très spéciale pour Michael Lonsdale qui incarne frère Luc.
Quelques scènes d’anthologie : le lac des cygnes et la bouteille de vin, la photographie… Des décors à couper le souffle, les montagnes de l’atlas . On ne sort pas indemne de ce film. On s’interroge sur son rapport à la foi, sur son courage, sur son identité… En ces temps de débat sur la religion et l’islam, on apprécie la coexistence pacifique des deux religions, l’amitié et la fraternité entre la population et les moines.
Et on sort de là, bousculée, émue, regardant du coin de l'oeil si sa voisine a les yeux aussi bouffis que les vôtres. Et on se questionne, sur ces fameuses circonstances. En effet, quelques jours après l'enlèvement des moines trappistes par le GIA, ils sont retrouvés morts. Enfin, seules leurs têtes seront découvertes. L'hypothèse d'une bavure de l'armée algérienne s'oppose donc à celle plus classique de la responsabilité unique des terrorristes et à une troisième plus farfelue d'un acte commandité par les services secrets algériens. J'aurais voulu développer un peu plus le déroulé des événements mais il me semble que c'est une tâche assez ardue, qui nécessite plus que trois coups d'oeil sur wikipedia.
En espérant vous avoir donné envie de voir ce film, je conclue avec une photo des moines (les vrais ceux-là, que je n'oublie pas).
En espérant vous avoir donné envie de voir ce film, je conclue avec une photo des moines (les vrais ceux-là, que je n'oublie pas).
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